31 juillet à 17h – carré blanc sur fond blanc ou Kasimir Malevitch
Avec le spécialiste de sciences politiques Olivier Camy
Un artiste révolutionnaire russe né à Kiev de parents polonais.
Peintre et théoricien, Malevitch (1879-1935) bouleverse l’art du XXème siècle par ses propositions picturales (notamment le célèbre carré blanc sur fond blanc- 1918) et ses textes. Par sa radicalité et sa détermination à ne rien céder, il influence encore l’art contemporain.
Pour présenter son essai sur Malevitch, Olivier Camy dit ceci :
Tout au long de sa vie, Malevitch n’a cessé d’écrire. Manifestes, articles se sont succédés. De 1920 à 1928, il s’arrête même de peindre pour se retirer, dit-il, « dans le domaine nouveau, pour moi, de la pensée ». Pourquoi ? C’est que « par le pinceau, il n’est pas possible d’obtenir ce que l’on peut obtenir par la plume ». Malevitch rédige alors son grand traité : Le Suprématisme. Le monde sans-objet ou le repos éternel. Malevitch n’est donc pas seulement un peintre, c’est aussi un écrivain, un penseur. Il est donc essentiel de lire Malevitch si l’on veut accéder à la compréhension du « monde sans-objet », qui lui est apparu lors de la réalisation de son célèbre tableau Carré noir sur fond blanc.
Il reste que ses écrits sont considérés depuis toujours comme touffus, obscurs, voire incohérents. Cet essai a pour but de montrer qu’ils révèlent en réalité une unité de sens et un ordre logique de la pensée, constitutifs de sa doctrine, le suprématisme. (…)
L’intérêt d’une telle introduction à la doctrine de Malevitch est évidemment d’ordre esthétique : elle nous apporte des clefs pour déchiffrer sa peinture suprématiste et «post-suprématiste ». Mais il y a un motif plus impérieux encore qui justifie ce travail de clarification doctrinale. C’est le fait que Malevitch nous propose une critique du monde moderne qui a succombé à la séduction de l’objet, notamment pratique ; un objet qui tend à devenir indigent, vide et ne fait que satisfaire notre « désir d’assouvissement ». L’abstraction au sens de Malevitch, relève d’une expérience artistique mais aussi spirituelle qui nous libère précisément de l’objet, nous fait entrer dans une « nouvelle réalité », le « monde blanc ». Ce qui est la condition pour « retrouver le fonds de l’homme, libéré de la bête ». Ainsi la doctrine suprématiste apparaît-elle comme une doctrine pour maintenant.
Olivier Camy